Bien, il est temps de passer aux choses sérieuses ! Les étoiles vous fascinent mais vos petits yeux ne suffisent plus à satisfaire votre curiosité et pourtant, vous n’avez encore rien vu ! Avec un instrument astronomique, le ciel vous ouvrira de nouvelles portes vers ses profondeurs. D’accord, mais vous voilà confronté à un nouvel obstacle : le choix !
La première question à se poser est certainement : Que vais-je faire avec ? C’est vrai, vous n’achèteriez pas la même voiture pour faire uniquement de la ville ou bien de longs trajets…
Comment ça fonctionne ?
Avant de se plonger dans l’acquisition de quoi que ce soit, je pense qu’il est important de mettre les choses au point en passant par une petite description de votre futur instrument favori. Il se décompose en trois parties distinctes, interchangeables à souhait en fonction de vos besoins.
Le tube
Comme son nom l’indique, c’est un tube. Le plus souvent métallique, il contient l’ensemble optique composé de lentilles pour les lunettes astronomiques, et de miroirs pour les télescopes.
Sur ce tube est fixé un chercheur : un petit viseur permettant de pointer facilement l’objet convoité. Vient enfin le porte-oculaire, dans lequel vous glisserez l’oculaire de votre choix avant de venir coller votre œil dessus.
L’oculaire
L’oculaire est un accessoire indispensable à l’observation. Suivant le type, il vous permettra d’adapter le grossissement par rapport à l’objet observé. Je vous invite à lire “5 choses à savoir pour bien choisir ses oculaires” afin d’en apprendre plus à leur sujet. 😉
La monture
C’est la partie de votre instrument la plus importante. Elle supporte le tube et assure le suivi de votre cible car oui, la Terre tourne ! Lorsqu’on débute, pointer un astre peut s’avérer compliqué et le suivre encore plus. Une mauvaise monture vous en fera baver et vous perdrez sans doute rapidement patience…
Optez plutôt pour une monture à la mécanique fluide et précise, assez robuste pour supporter le tube et ses accessoires. Il en existe deux types, pouvant être motorisés ou non :
- Azimutale : elle s’articule autour d’un axe horizontal et d’un autre vertical. Il est difficile de réaliser un suivi avec ce type de monture car il faut jouer en permanence sur ces deux axes. Néanmoins, il en existe des motorisées qui automatisent le suivi et augmentent ainsi la précision des mouvements.
Saut de ligne - Equatoriale : de conception et d’utilisation plus complexe, elle nécessite ce qu’on appelle une “mise en station”. Une fois ce réglage effectué, la monture suivra votre cible toute seule en compensant mécaniquement la rotation de la Terre, quelle merveille ! Une fois prise en main, sa précision et sa maniabilité vous procureront un bien meilleur confort que la monture azimutale.
La monture informatisée
Qu’elle soit azimutale ou équatoriale, une monture informatisée est munie d’une raquette de commande dans laquelle sont enregistrés des milliers d’objets. Il existe deux systèmes : le “push-to” et le “go-to”. Le premier vous indiquera où pointer et le second trouvera sa cible comme un grand, tout en effectuant son suivi.
Oui, vous avez bien compris, une monture azimutale informatisée en “go-to” sera tout aussi efficace qu’une monture équatoriale simple. Ceci-dit, cette dernière n’a pas dit son dernier mot et restera indispensable à ceux voulant pratiquer l’astrophotographie.
Le trépied
Quoi de plus simple qu’un trépied ? Il assure la stabilité de votre instrument et supporte le tout. Il en existe en bois mais attention à la qualité… Choisissez plutôt des pieds en aluminium, de la plus grosse section possible. La plupart sont réglables en hauteur, toutefois la position basse reste la plus stable.
Comment définir son instrument ?
Maintenant que l’anatomie de votre instrument n’a plus aucun secret pour vous, sachez que le plus important à connaître reste ses caractéristiques !
Vous êtes-vous déjà demandé à quoi servait un instrument astronomique ? A observer le ciel non ? En gros, oui. Mais pour ce faire, il doit remplir trois fonctions principales :
- Agrandir l’objet à observer
- Récolter un maximum de luminosité
- Obtenir la meilleure résolution possible
Un tube se caractérise par son diamètre D, sa longueur focale F et son rapport F/D ou f/, appelé l’ouverture. On nommera donc un instrument D/F.
Par exemple, pour un télescope de 150 mm de diamètre et de 750 mm de focale, on parlera d’un 150/750.
Le diamètre
Egalement exprimé en millimètre, le diamètre du tube est le critère le plus important lorsqu’on choisit son instrument. Il agit sur deux choses : la luminosité et la résolution de l’objet observé. Plus le diamètre est grand, plus l’objet observé sera nette et lumineux.
La focale
Pour faire court, la focale désigne la distance parcourue par la lumière dans le tube. Exprimée en millimètre, la longueur focale d’un instrument vous renseigne sur son pouvoir grossissent. Donc un instrument d’une longueur focale de 1200 mm grossira plus qu’un autre de 700 mm.
L’ouverture
L’ouverture est le rapport entre la focale de l’instrument et son diamètre, c’est pourquoi il est noté F/D. C’est en quelque sorte un résumé des performances optiques du tube. Pour simplifier :
- plus la valeur de F/D est élevée, meilleure sera la résolution de l’instrument.
- plus elle est faible, plus les objets seront lumineux.
Pour illustrer tout ça, reprenons notre télescope 150/750. Son rapport F/D est de 750/150 = 5, donc son ouverture est de f/5. C’est vraiment très lumineux, mais pour observer les détails d’une planète, c’est pas le top !
Ce qu’il faut retenir, c’est que le diamètre doit être le plus grand possible. Ensuite, faites le choix : la luminosité au détriment de la résolution et du contraste, ou vice-versa. Référez-vous dans ce cas à l’ouverture, plus elle est importante (F/D=15 étant difficile à battre) et meilleurs seront la résolution et le contraste, au détriment de la luminosité… Que voulez-vous, on ne peut pas tout avoir !
Le monde imparfait de l’optique
Comme vous le savez, dans le monde réel la perfection n’existe pas. On peut s’en approcher le plus possible mais cette dernière subsiste uniquement en théorie. Dans la suite de cet article, je vous présenterai les différentes formules optiques utilisées en astronomie. Suivant les modèles, celles-ci présenteront diverses qualités et défauts optiques.
Il est donc nécessaire que vous les connaissiez, ainsi que les remèdes utilisés afin de les diminuer, voire même de les annuler.
La courbure de champ
Ce défaut optique altère la mise au point et la rend inégale sur le champ de vision. Si par exemple, vous faites la mise au point au centre du champ, sa périphérie sera floue. L’inverse se produira si la mise au point est faite sur les bords.
Heureusement, il existe un accessoire appelé aplanisseur de champ, capable de corriger ce défaut. En général, il est réservé aux lunettes astronomiques, instrument qui en souffre particulièrement.
La coma
Ce terme provient directement de l’effet produit : les étoiles s’allongent et deviennent asymétriques en prenant l’allure de petites comètes. L’exemple le plus flagrant est lorsque l’image donne l’impression que les étoiles s’étirent comme dans Star Wars… Mais bon, il s’agit là de cas extrêmes.
Ici, on utilise un correcteur de champ ou de coma afin de pallier ce défaut. Les miroirs sont souvent atteints de coma, ce sont donc les télescopes les plus touchés.
L’astigmatisme
Les étoiles sont déformées en petites croix plus ou moins complexes et peuvent parfois s’allonger. Les instruments en pâtissent tous plus ou moins mais ce défaut n’est jamais prépondérant, ou rarement.
Attention à ne pas confondre l’astigmatisme avec les aigrettes ! Ce phénomène se produit uniquement sur les télescopes de Newton ou de conception similaire. A l’avant du tube, 4 branches tiennent le miroir secondaire au centre de l’objectif. Ces branches diffractent la lumière des étoiles, ornant les plus brillantes de petites aigrettes.

Le chromatisme
On parlera plutôt d’aberrations chromatiques pour indiquer l’apparition de liserés colorés sur le bord des objets. Il s’agit là d’un des effets de la diffraction de la lumière blanche. Lorsqu’elle traverse un milieu transparent comme le verre ou l’eau, la lumière se décompose et de jolies arcs-en-ciel apparaissent.
Il existe cependant des configurations d’optiques permettant d’annuler ces aberrations : les doublets achromatiques ou les triplets apochromatiques. Bien entendu, ce sont les lentilles et non les miroirs qui produisent ce chromatisme, c’est pourquoi on trouvera souvent des lunettes achromatiques ou apochromatiques. La seule chose à retenir ici est que le plus efficace reste de loin le triplet apochromatique. 😉
L’obstruction centrale
Ici, nous sortons du domaine des défauts optiques pour entrer dans les problèmes causés par la conception du tube.
L’obstruction est la perte de luminosité et de contraste causée par l’emplacement du miroir secondaire. Finalement, seule la perte de contraste est prononcée, ce qui pose problème lorsqu’on observe les planètes car on perd en détail. Voilà pourquoi certains amateurs préfèrent utiliser la lunette dans le domaine planétaire !
La collimation
La collimation n’est pas un défaut à proprement parler.
Il faut savoir que les miroirs des télescopes peuvent se dérégler. Cela arrive notamment durant un transport ou lors d’un changement trop brusque de température par exemple. Un télescope dont les miroirs ne sont plus alignés ne vous offrira pas les meilleures performances, ce qui est dommage…
Afin d’y remédier, les plus gros télescopes sont munis de vis de réglages situées au dos des miroirs primaire et secondaire. Agir sur ces vis modifie leur inclinaison. Il existe des lasers de collimation pour les télescopes de Newton, permettant d’aligner les miroirs en un rien de temps ! Vous pouvez aussi utiliser une autre méthode qui consiste à viser une étoile en la grossissant. Faites une mise au point “floue” sur cette étoile et réglez les miroirs afin d’avoir des cercles concentriques.
Les différents types d’instruments
Faisons maintenant un rapide débriefing sur les gammes peuplant le marché. En astronomie, on distingue 2 types d’instruments :
- la lunette astronomique, appelée réfracteur
- les télescopes, appelés réflecteurs
Que ce soit pour photographier le ciel ou simplement l’observer, les qualités et défauts optiques de l’instruments persisteront dans les deux pratiques. Gardez simplement à l’esprit que l’astrophotographie est un domaine beaucoup plus exigeant sur la qualité de l’optique.
La lunette
La lunette, aussi appelée télescope réfracteur, n’est pas moins performante qu’un télescope. Bien au contraire ! A diamètre égal, elle obtient une meilleure résolution que ce dernier car elle est équipée de lentilles (grossissant l’image) et non de miroirs. Du fait de sa conception, elle ne subit aucun déréglage durant les transports et ça, c’est cool !
Cependant, les lentilles coûtent cher à fabriquer, c’est pourquoi les prix de ces instruments s’envolent vite. La lunette souffre également d’une importante courbure de champ et d’astigmatisme. Les aberrations chromatiques sont également de la partie, c’est pourquoi il existe des verres achromatiques ou apochromatiques. Ils annulent le chromatisme mais les conceptions apochromatiques restent le plus efficace.
+ excellente résolution des objets
+ peu de défauts optiques
+ pas de collimation
+ peu encombrante et facile à transporter
– courbure de champ assez prononcée
– chromatisme
– grands diamètres difficilement accessibles
Le télescope de Newton
De conception simple et peu coûteuse, ce télescope permet de vous offrir un diamètre plus large que la lunette, à prix réduit. Par contre, ses miroirs se dérèglent facilement et avant chaque utilisation, il faut procéder à leur collimation. Certes plus lumineux qu’une lunette, sa conception simpliste vous procurera une résolution et un contraste inférieurs à celle-ci.
Les télescopes de Newton quant à eux souffrent particulièrement de coma. Le correcteur le plus utilisé pour l’astrophotographie reste le Televue Paracorr.
+ diamètre plus grand pour un prix raisonnable
+ pas de chromatisme
– collimation des miroirs
– coma
– encombrant
– apparition d’aigrettes
– obstruction centrale
Le télescope Schmidt-Cassegrain
Dans la catégorie “toujours plus”, voici le Schmidt-Cassegrain : plus compact, plus léger, bref plus évolué ! Avec lui, vous gagnerez 80% de place supplémentaire, ce qui n’est pas négligeable lorsqu’on doit se le trimbaler partout ! Bon toutefois, faites attention : son miroir secondaire est également sujet aux déréglages… Cependant, il pourra être remplacé par un appareil photo afin de tirer de belles images !
Le Schmidt-Cassegrain présente surtout de la coma et de la courbure de champ. Il combine miroirs et lentilles afin de gagner en performance tout en conservant une taille nettement inférieur au Newton.
+ très compact
+ performances accrues
+ polyvalent
+ bien adapté à l’astrophotographie
– collimation des miroirs
– coma
– courbure de champ prononcée
– obstruction centrale plus prononcée
Le télescope Maksutov-Cassegrain
Ne se dérègle pas, du moins pour les modèles Gregory. Les autres, plus répandus, sont les Rumak. A part ça, le Maksutov-Cassegrain reste très similaire au Schmidt-Cassegrain avec un petit plus au niveau de sa résolution, ainsi qu’un contraste plus net du fait de sa conception.
Les Cassegrain sont des instruments à faible ouverture. C’est pourquoi, afin de conserver leur polyvalence, on préférera réduire leur focale grâce à un réducteur. Ceci permet de gagner en ouverture et toucher le ciel profond.
+ très compact
+ haute résolution
+ défauts optiques moins prononcés
– faible ouverture
– obstruction centrale
– défauts optiques similaires au Schmidt-Cassegrain
L’embarras du choix
Normalement, vous avez fait votre choix sur la façon dont vous souhaitez observer le ciel. Si ce n’est toujours pas le cas, prenez vraiment quelques instants afin d’y réfléchir et relisez si nécessaire l’article en lien dans l’introduction.
Nous allons voir quel type d’instrument conviendrait le mieux dans chacune des trois possibilités.
Pour le planétaire
Etant proches du Soleil, les planètes sont déjà très lumineuses. Ce que nous recherchons ici, c’est de faire apparaître aux mieux tous les détails possibles. Il nous faut donc grossir l’image tout en conservant une bonne résolution. Dans ce cas, les lunettes ou les Maksutov-Cassegrain sont excellents. Une simple monture azimutale peut faire l’affaire mais la version “go-to” vous fera grandement gagner en confort. Oui, car suivre un astre manuellement avec un fort grossissement promet de belles galères !
Saut de ligne
Pour le ciel profond
Pas de doute, il faut de la lumière car les objets du ciel profond sont peu lumineux comparés aux planètes. La plupart du temps, vous devrez absolument éviter de grossir afin de conserver un maximum de luminosité. Privilégiez un grand diamètre et une faible longueur focale : votre tube sera plus ouvert, ce qui vous permettra d’élargir votre champ de vision. Les Newton ou les Schmidt-Cassegrain sont assez recommandés dans ce domaine. Accompagnés d’une monture équatoriale informatisée en “go-to”, trouvez votre chemin parmi les étoiles deviendra un jeu d’enfant !
Saut de ligne
Et pour les deux
La polyvalence se résume en un mot : médiocrité. Bon, j’y vais peut-être un peu fort mais en astronomie, vouloir un instrument aussi performant en planétaire qu’en ciel profond reste un choix onéreux… Le seul conseil que je peux vous apporter est d’opter pour un diamètre d’au moins 200 mm. Après, il y a les télescopes Dobson aux allures plus rustiques mais offrant de larges diamètres à des prix défiants toute concurrence. Sachez cependant que ce dernier n’est pas adapté à l’astrophotographie.
Surtout n’oubliez pas, quel que soit votre domaine, choisissez toujours le diamètre le plus large possible.
Quelques suggestions
Je vous propose une liste non exhaustive d’instruments les plus couramment utilisés sur le marché amateur, par domaine et par ordre croissant de performance et de prix :
- La lunette 60/700 sur monture azimutale, une bonne façon de s’initier.
- La lunette 80/900 sur monture équatoriale, pas mal pour découvrir les planètes.
- La lunette 120/1000 sur monture équatoriale, permet même de caresser le ciel profond !
- Le télescope 114/900 sur monture équatoriale, plus petit diamètre admissible pour s’initier au ciel profond.
- Le télescope Maksutov-Cassegrain sur monture “go-to”, des planètes de qualité et sa monture vous guidera à travers le ciel profond.
- Le télescope 150/750 sur monture équatoriale, pour débuter dans ce domaine.
- Le télescope Dobson 300/1500, “qualité-prix” imbattable mais n’est pas adapté à l’astrophotographie.
- Le télescope Schmidt-Cassegrain 203/2000 sur monture “go-to”, bon dans tout, mais son prix aussi.
N’hésitez pas à vous renseigner également auprès d’un vendeur spécialisé et j’insiste bien sur ce dernier mot. Les clubs d’astronomie pourront aussi vous aiguiller en vous donnant de bons conseils, l’occasion pour vous de tester sur le tas les instruments de gens passionnés.
Si vous avez d’autres questions, posez-les dans l’espace commentaire en bas de cette page et si cet article vous a plu, partagez-le ! 😉
Restez curieux !
salut,
un super tuto , et je visiterais le reste dès que possible .
Un petit détail sur le dessin tout en haut de cette page : c’est un ” Cercle Répétiteur du chevalier de Borda ” , et donc pas vraiment un télescope 😉 sinon encore bravo pour le fond et la forme de ce blog !
a plus
jf
Salut JF !
Merci pour ton petit commentaire 🙂
Ah oui tout juste, autant pour moi ^^ Tu m’as appris quelque chose ! Je corrigerai l’image afin que cela ne porte pas à confusion.
Au plaisir et à plus tard dans ce cas 🙂